• Comment en arrive-t-on à travailler la nuit ?

     

    Mais comment en arrive-t-on à travailler la nuit? Pourquoi choisi-t-on de vivre contre-nature, de "vivre à l'envers"? Tellement de questions arrivent dès lors que l'on annonce travailler de nuit. Il y a ceux qui pensent que les travailleurs de nuit le choisissent  pour "être au calme" (ce qui peux s'avérer vrai parfois, mais très au delà de la réalité des responsabilités ainsi acquises...), et ceux qui se demandent comment on peut tenir le rythme, et la pression (voilà une vraie question...).

    Pour ma part, en sortant de mes études d'infirmières, je n'avais effectué que 7 nuits réparties sur 3ans et 3 mois de formation. Autant dire très peu, en tout cas pas assez pour se rendre compte de ce qu'implique le fait de travailler à long terme de nuit. Et j'avoue que je faisais partie de ces gens qui pensent que les nuits sont "trop calmes"... Et puis il y a eu l'entrée dans la vie active, et le début de mes responsabilités d'infirmière. Dans certains établissments, il y a des personnels affectés uniquement à des postes de nuit, dans d'autres les nuits font partie du roulement de travail, comme les "matins" ou les "soirs"...

    Dans l'établissement où j'ai été embauchée il y a de cela un peu plus de 4 ans, la "politique de la maison" est que l'on n'obtient de CDI (ce fameux Contrat à Durée Indéterminée tant convoité par tout jeune diplômé...) qu'en acceptant de passer de nuit quelques temps. Voilà le moyen trouvé pour inciter le personnel à travailler de nuit, puisque les candidats ne s'y bousculent  pas de trop pour ce genre de postes (et que l'établissement fonctionne sur le principe de personnel affecté de jour OU de nuit, en tout cas pour le moment). Je me suis donc retrouvée à travailler de nuit, en équipe avec une auxiliaire de puériculture (pour ce qui est de la pédiatrie) ou une aide soignante (pour les autres types de services). Ah le travail en équipe et la solidarité, je les ai découverts dans leur grandeur avec le travail de nuit!

    Et voilà le bilan que je tire au bout de 4 ans de travail de nuit à temps plein. Il arrive que les nuits soient calmes, très calmes même, et où le temps parait long. Et puis il y a ces nuits où rien ne va, où les sonnettes n'arrêtent pas, où les angoisses se réveillent, et où malheureusement il y a des "soucis"... Apprende à gérer sa fatigue, son stress et ses émotions, pour pouvoir réagir de manière adéquate et professionnelle, voilà tout l'art de travailler la nuit dans un milieu hospitalier. A quel moment appeler le médecin de garde, prévenir le cadre de cadre, que faire en attendant leur arrivée, comment gérer l'urgence quand on est seul (ou presque) face au patient qui n'est pas bien, comment guider un médecin qui ne connait ni le service ni les patients... Imaginez bien l'angoisse, encore plus quand on débute dans le métier (ou le service) et qu'on a peu de recul pour analyser et relativiser les situations...

    Analyser et relativiser, "souffler un bon coup" et faire ce que l'on peut, avec les moyens qui nous ont été donnés. Voilà ce que l'on apprend de nuit. L'organisation est aussi un maître mot, il faut toujours anticiper pour ne pas être débordé en cas de "problème"... Mais voilà... tout ça on ne l'apprend qu'avec l'expérience, "sur le tas", et parfois au dépend des patients , du service, ou de sa propre santé...

    Oui bien sur, il y a des avantages à travailler la nuit : on est autonome, et très peu dérangés dans notre organisation de travail, et il y a des primes (ceci dit, on ne les trouve toujours pas assez importantes ces primes...).  L'intérêt majeur, à mon goût, reste sans aucun doute le fait que comme le roulement de travail est fixe, lorsque l'on pose par exemple 2 nuits de congé, cela vous donne une semaine de repos à la maison, puisque 'il y avait normalement 2 repos de prévus avant et après vos nuits... Pratique... Mais travailler la nuit, ça n'est pas seulement accepter les responsabilités ou les avantages que cela implique.

    Quelles répercussions cela a t-il sur nous même? Pour moi, il a fallu accepter de travailler un week end sur deux en permanence, avec très peu de possibilités d'échanges entre collègues (puisque le personnel est réduit...) ; désormais il faut s'organiser pour profiter au maximum de ces week end disponibles... Et il a fallu apprendre à mon entourage à ne pas téléphoner ou passer rendre visite le matin et en début de journée... Sans parler du facteur qui ne livre les colis que le matin, ou le livreur de fuel qui commence forcément sa journée avec vous...

    Dormir le jour, ça s'apprend, et ça n'est pas évident. Le sommeil est plus léger, le moindre bruit vous réveille, et lorsque vous avez pu dormir 5 heures, votre corps ne veut plus se rendormir si vous avez eu la malchance de vous réveiller... Et lorque les jours de repos arrivent, le sommeil ne vient plus, vous veillez tard le soir en attendant que Morphée veuille bien vous rendre visite... Ou alors vous dormez trop... oui, oui, cela arrive ! Mais là vous ne profitez plus des journées, plus moyen de distinguer la lumière du jour, on ne voit plus les gens que l'on croiserait d'ordinaire. Et l'isolement vous guette, reste à trouver le moyen , et surtout l'organisation de vie, qui vous permettra de ne pas trop en souffrir !

    Je ne referai pas de topo sur les troubles de la santé (physique et psychologique) que le travail de nuit implique, les articles de presse et dossiers que j'ai ajouté à cette catégorie en parlent assez, bien qu'il faudrait faire plus d'études à mon goût... Mais j'insiterai sur le fait que la "pression" des responsabilités du métier d'infirmière est largement amplifiée la nuit,  il faut être capable de bien gérer ce stress pour bien travailler, et que la solidarité entre les équipes de jour et de nuit sont d'une importance primordiale.

    Bref, comment en arrive-t-on à choisir de travailler la nuit ? Parce que pour moi il s'agit d'un choix au final, même si je l'ai avant tout choisi pour obtenir ce sacro-saint CDI. Et oui, j'ai demandé à rester de nuit, parce que cette manière de travailler me convient, et parce que j'ai trouvé un équilibre entre ma vie privée et ma vie professionnelle qui me permet de ne pas pâtir des inconvénients de cette vie (ou de ne pas en faire pâtir les autres!). Mais ça n'est pas le cas de tout le monde, comme tout le monde n'est pas capable d'assumer de travailler la nuit, mais là, chacun reste juge de sa propre vie et de son choix de vie !

    Au bout de 4 ans passés de nuit, je commençais tout de même à me demander s'il ne fallait pas repasser de jour. Le "destin" a décidé pour moi puisque la mutation professionnelle de mon conjoint me "force" à changer et d'établissement et de rythme (sans aucun doute). L'occasion pour moi de me repositionner dans ma carrière et dans ce que je veux en faire !

    Il y aurait encore beaucoup à dire, mais je laisse pour aujourd'hui place aux articles qui suivent et qui abordent le sujet de manière plus "recherchée" et plus " analysée".

    Bonne nuit !

     


  • Commentaires

    1
    visiteur_merplo
    Lundi 31 Octobre 2005 à 11:17
    Comme ?fait du bien d'entendre ce v? par rapport aux ?tions ressenties lors du travail de nuit.La vie du travail de nuit,car effectivement on s'organise une vie autour de l'organisation de notre sommeil qui est loin d'?e facile.Pas toujours facile de le faire comprendre ?'entourage et aux coll?es qui ne travaillent que le jour et sont tr?actives ?eurs yeux par rapport ?ous!!!! Tout ce que j'ai lu sur votre site est tellement vrai ,car je l'ai v? de 1996 ?in 2004 avant de jeter l'?nge .....
    2
    visiteur_Malou
    Vendredi 18 Novembre 2005 à 16:18
    je suis tomb?par hasard sur ton site et je l'ai trouv?res bien ,je passe de temps en temps sur cadredesante.com je connaissais d? les articles mais ton t?ignage je le rejoins ?nt moi meme ide de nuit et en pr? Cadre .Continues !@+
    3
    visiteur_cécile
    Samedi 22 Avril 2006 à 17:53
    moi aussi je travaille de nuit depuis 3 ans et comme toi je n'ai pas eu le choix au d?t de ma carri? pour rentrer dans l'hopital de ma region, mais j'y reste aujourd'hui par choix parce que cette fa? de travailler me convient et que j'ai r?si ?rganiser ma vie personnelle de mani? satisfaisante.
    Bon continuation pour toi.
    4
    visiteur_celia366
    Lundi 23 Octobre 2006 à 13:59
    Actuellement en bretagne on ne peut pas dire que l'on sera plus vite en c.d.i en travaillant de nuit. Les jeunes infirmi?s faites tr?attention. Les cadres vous utilisent facilement quand vous voulez travailler de nuits, mais apr?d?que le besoin se fait ressentir soit vous repassez de jour ou bien c'est la fin de contrat...
    5
    visiteur_CLAIRE
    Mercredi 8 Novembre 2006 à 19:10
    SALUT, camarade de nuit
    juste un peit conseil, si tu souhaites un jour ?luer dans la hi?rchie infirmi?, ne reste pas trop longtemps de nuit ou multiplie les formations
    une ancienne I.D.E de nuit (12ans)
    6
    visiteur_claire
    Mercredi 8 Novembre 2006 à 19:23
    super, l'essentiel est dit et bien dit
    que faire pour faire bouger les choses : il faut qu'un maximum de soignants de nuit rentre dans les IFCI ou en licence pour revenir apr?dans les soins et fassent enfin reconnaitre notre travail ?a juste valeur !
    comme dit le proverbe africain :
    un arbre quand il on le coupe cela fait beaucoup de bruit mais la for?qui pousse est silencieuse !!
    il est temps que les soignants de nuit prennent la parole et qu'on les ?ute
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    7
    visiteur_mariedomini
    Mercredi 20 Décembre 2006 à 22:51
    c'est par hasard que je suis tomb?sur votre blog; Infirmi? depuis 1976, et ayant beaucoup travaill?e nuit, j'ai aim?otre commentaire. Nous ?ours, on s'entendait dire que la nuit nous ?ons des tricoteuses!!! ou des veilleuses, mais j'avoue avoir aim??j 'ai aim?ette ind?ndance, pas de medecins sur le dos, ni de stress et le soir les maladesont besoin de parler, d'?e rassur?et le contact est diff?nt plus chaleureux et surtout plus humain. Ambiance plus sympa aussi, avec parfois des fous rires soignants et malades. des discussions int?ssantes, des amiti?naissantes ..... j'ai travaill?e jour mais j'avoue avoir toujours pr?r?e travail de nuit qui me permettait de privil?er une ind?ndance dans l'organisation de montravail et un contact plus chaleureux et plus profond avec les malades. Je suis en invalidit?t oblig?de me recycler , mais c'est dur tr?dur. mon m?er me manque et souvent la nuit je r? que je travaille.. Alors courage, vous faites le plus beau m?er du monde et ne laissez jamais votre sensibilit?t votre humanit?u vestiaire, ce que font malheureusement beaucoup d'entre nous au bout de quelques ann?. Gardez toujours ce sourire et cet optimisme que je s'ens en vous et bonne chance. Amiti?
    8
    visiteur_anne lise
    Lundi 3 Novembre 2008 à 17:07
    bonjour a tous, je suis eleve IDE en troisi? ann? et je r?ise actuellement mon TFE, sur le travail de nuit, et la gestion de stress. ma question de d?rt est encore vague.
    auriez-vous des informations ?'apporter? merci d'avance
    macumba_6@hotmail.com
    9
    charlotte
    Lundi 18 Janvier 2010 à 20:21
    bonjour, je suis tombée sur votre blog au hasard en realisant une recherche sur le travail de nuit . En effet je suis en termiale stg et je dois realiser une etude pour mon bac.
    J'ai choisi la problematique du travail de nuit et des conditions de celui-ci.
    Pour mener à bien mon etude, il me manquerai un questionnaire ou quelqun ayant de l'expérience pourait repondre à mes questions
    Si cela vous derange pas de repondre à qql questions pour m'aider, vous pouvez me contacter shoue_38@hotmail.fr
    merci :)
    10
    mina
    Dimanche 4 Décembre 2016 à 13:50
    merci pr se sujet moi je travail de 16h a 8h je me repose 2 jr puericultrice en pediatrie le seul probleme c ke je trouve pas comment profité de mon temp a la maison et morganiser
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